L’infallibilità: amore e verità si incontrano


(version française complète en bas) 

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[…] Mi sembra che la definizione dell’infallibilità pontificia si iscriva in una tradizione che pone l’interpretazione della religione cristiana sotto il segno esclusivo della verità […].

Bisognerebbe studiare diverse questioni, come questa per esempio: qual è la “dose” di verità di cui la Chiesa, e più in generale le comunità cristiane, ovvero le comunità umane, hanno bisogno per gestire in maniera soddisfacente il loro presente e il loro avvenire? O, dal punto di vista di ogni individuo: qual è la dose di verità che ci è necessaria per vivere, per ricevere e donare la vita? Quale dose di verità è necessaria all’amore autentico?

Poi verrebbe un’altra questione: la Chiesa, le comunità, le persone hanno bisogno di una verità infallibile, ovvero di un enonciato libero da ogni errore e soprattutto da approssimazione? Delle verità “approssimate” (come lo sono quasi tutte) non sarebbero sufficienti a sostenere l’amore e l’azione?

O ancora: se una verità, ovvero un enunciato affermativo su un oggetto qualsiasi, potesse essere infallibile nel senso che ho appena detto, potrebbe dimorare nel tempo nei medesimi termini in cui è stata espressa in un dato momento della storia e della cultura, o degli elementi di nuova acquisizione ne renderebbero necessaria una formulazione più adeguata?

Infine, supponendo che una persona, dotata di un particolare carisma, possa a un certo punto percepire e dire una verità “infallibile”, tale enonciato può conservare interamente e assolutamente la sua pertinenza per le generazioni future?

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L’infaillibilité: amour et vérité se rencontrent

Hans Küng vient de publier un gros volume (777pages) qui rassemble ses nombreux textes sur la question de l’infaillibilité pontificale. Je ne l’ai pas encore vu ; il l’annonce dans un article du Monde paru à la fin de mars (qui, je suppose, aura paru dans d’autres titres de la presse internationale), où il reproduit aussi le texte d’une supplique au Pape François pour que cette question soit reprise et qu’elle cesse « d’empêcher le renouvellement effectif de la doctrine et de la vie de l’Eglise ». Il demande un « débat libre et sérieux sur l’infaillibilité ».

Il me semble que la définition de l’infaillibilité pontificale s’inscrit dans une tradition qui met toute l’interprétation de la religion chrétienne sous le signe de la vérité. La définition de 1870 est peut être le dernier épisode de cette tradition et c’est celle-ci qu’il faudrait étudier dans son origine et dans ses développements. On aurait alors sans doute le climat du débat libre auquel appelle Hans Küng.

La constitution Pastor Aeternus de Vatican I cite un texte du Pape Hormisdas, daté du 11 août 515, qui s’exprime ainsi : «En premier lieu, le salut consiste à garder la droite règle de foi et à ne dévier en rien de ce qui a été statué par les Pères », et il continue tout naturellement en invoquant le primat de Pierre, disant que « sur le Siège apostolique, la toujours catholique religion s’est conservée immaculée ».

La question qui serait alors à étudier serait celle de savoir si la condition première du salut est l’orthodoxie de la foi et la fidélité rigoureuse aux Pères du passé ou s’il n’y aurait pas un fondement encore plus radical. Ne pourrait-on penser, par exemple, que la condition première du salut, celle donc sans laquelle il ne peut y avoir de salut, soit le schema Israël dans la formule, celle-ci définitive et infaillible, que lui a donnée Jésus et qu’a répétée le scribe de bonne foi : « Ecoute Israël, le Seigneur ton Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu e tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mc. 12, 28-34). Et saint Paul n’a-t-il pas écrit : « Quand j’aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien » (I Cor. 13, 2). Si l’amour était la condition première du salut, il faudrait montrer comment. Puis préciser comment la vérité en serait la condition seconde. Dans les deux cas, il importerait de définir au plus juste ces deux mots afin de dire comment « amour et vérité se rencontrent ».

Il faudrait étudier diverses questions, celle-ci par exemple : quelle est la « dose » de vérité dont l’Eglise, et plus largement les communautés chrétiennes, voire les communautés humaines, ont besoin pour gérer de manière satisfaisante leur présent et leur avenir ? Ou bien, du point de vue de chaque personne : quelle est la dose de vérité qui nous est nécessaire pour vivre, recevoir la vie, donner la vie ? Quelle dose de vérité est-elle nécessaire à l’amour authentique ?

Puis viendrait une autre question : l’Eglise, les communautés, les persones ont-elles besoin d’une vérité infaillible, c’est-à-dire d’un énoncé hors de toute erreur et surtout d’approximation ? Des vérités « approchées » (comme elles le sont presque toutes) ne suffisent-elles pas à étayer l’amour et soutenir l’action ?

Ou encore : si une vérité, c’est-à-dire un énoncé affirmatif portant sur un quelconque objet, pouvait être infaillible au sens que je viens de dire, pourrait-elle le demeurer dans les termes où elle a été exprimée à un moment donné de l’histoire et de la culture, ou bien des éléments nouvellement connus ne rendraient-ils pas nécessaire une formulation plus adéquate ?

Enfin, à supposer qu’une personne, douée d’un charisme particulier, puisse à un moment donné percevoir et énoncer une vérité « infaillible », est-ce que cet énoncé peut garder entièrement et absolument sa pertinence dans les générations suivantes ?

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